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9 mai 2013

Lecture !

Bonjour, sur ce blog je vais poster régulièrement des critiques sur des livres. Peu importe s'ils sont nouveaux ou non, connus ou pas : ce qui compte, c'est le plaisir de la lecture !
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5 mars 2014

La critique de la semaine : Oska Pollock

Bonjour à tous ! Aujourd'hui je vais vous parler d'Oska Pollock, trilogie écrite par Anne Pichota et Cendrine Wolf. 

Oska a 13 ans, et, à première vue, elle est une adolescente normale. Mais alors qu'ell fait sa rentrée dans un nouveau collège, d'étranges phénomènes se produisent, et elle semble en être la cause !  Elle découvre alors que sa famille est originaire d'un monde invisible, Edéfia, et Oska est dotée d'un statut bien particulier : elle est l'inespérée, le seul espoir de tout son peuple... Ces révélations vont changer la vie de l'adolescente à tous jamais ! 

Ces livres sont passionnants, bien écrits et pas dénués d'humour... À découvrir si ce n'est pas déjà fait ! 

27 février 2014

L'atlas d'Emeraude épisode 1

Voici le prologue d'un livre que j'ai beaucoup aimé : L'Atlas d'Emeraude, de John Stephens. Attention, risque d'addiction très élevé...

Prologue : 

La petite fille fut tirée de son sommeil. Sa mère se penchait au-dessus d'elle. 

- Kate, lui disait-elle d'une voix basse et pressante, écoute-moi bien. J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi. J'ai besoin que tu t'occupes de ton frère et de ta soeur. Tu comprends ? Il faut que tu t'occupes de Michael et d'Emma. 

- Q'est-ce...

- Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Promets-moi que tu veilleras sur eux. 

- Mais...

- Oh, Kate, je t'en prie ! Promets-le moi.

- Je... je te le promets.

C'était Noël. Il avait neigé toute la jounée. Comme elle était l'aînée, Kate avait eu le droit de veiller plus tard que son frère et sa soeur. Cela signifiat que, bien après la fin des chants de Noël qu'on entendait degors, elle était restée avec ses parents près du feux, à boire du chocolat chaud pendant qu'ils échangeaient leurs cadeaux -les enfants auraent les leurs au matin- avec le sentiment d'être très grande pour ses quatre ans. Sa mère avait offert à son père un petit livre épais, très vieux et très abîmé, qui parût lui faire vraiment plaisir, et il lui avait donné à son tour un médaillon accroché à une chaîne en or. Le médaillon renfermait un minuscule portrait des trois enfants - Kate, Michael qui avait deux ans, et le bébé Emma. Puis le moment était venu d'aller au lit, et Kate était restée allongée dans le noir, bien au chaud et heureuse sous ses couvertures, se demandant comment elle allait bien pouvoir s'endormir. Et voilà que l'instant d'après, on la secouait pour la réveiller. 

La porte de sa chambre était ouverte et, à la lumière du couloir, elle vit sa mère défaire la chaîne du médaillon sur sa nuque. Puis elle se baissa, glissa les mains sous la tête de Kate et lui mit le collier autour du cou. La petite fille sentit la caresse des cheveux de sa mère, respira l’odeur du pain d’épice qu’elle avait préparé dans l’après-midi, puis sentit quelque chose de mouillé tomber sur sa joue, et s’aperçut que c’étaient des larmes.

- Souviens-toi que ton père et moi, nous vous aimons plus que tout. Nous nous retrouverons tous les cinq. Je te le promets.

La petite fille sentait son cœur cogner dans sa poitrine. Elle ouvrait la bouche pour demander ce qui se passait quand un homme apparut dans l’encadrement de la porte. Il se tenait à contre-jour, aussi Kate ne put-elle distinguer son visage, mais il était grand et mince et portait un long pardessus et ce qui ressemblait à un chapeau tout froissé.

- C’est l’heure, dit-il.

Sa voix, et cette image - cette grande silhouette à l’entrée de sa chambre - hanteraient Kate pendant des années, car ce fut la dernière fois qu’elle voyait sa mère, la dernière fois que sa famille était réunie. Puis l’homme ajouta quelque chose que Kate ne put entendre, et elle eut l’impression que ses yeux se fermaient malgré elle, faisant disparaître la silhouette à la porte de sa chambre, la lumière, sa mère, tout.

La femme prit l’enfant endormie enroulée dans ses couvertures, et suivit l’homme. Ils passèrent devant le salon où le feu brûlait toujours dans la cheminée, puis sortirent dans le froid et l’obscurité.

Si elle avait été réveillée, la petite fille aurait vu son père dans la neige, près d’une vieille voiture noire, son frère et le bébé emmaillotés et endormis dans ses bras. Le grand homme maigre ouvrit la portière arrière, et le père des enfants déposa son fardeau sur le siège ; puis il se retourna, prit Kate des bras de sa femme et l’allongea à côté de ses frère et sœur. Le grand homme maigre referma la portière avec un léger déclic.

Vous êtes sûr ? demanda la femme. Vous êtes sûr qu’il n’y a pas d’autre moyen ?

L’homme s’était avancé dans la lumière du lampadaire et, pour la première fois, apparut clairement. Son aspect n’aurait d’ailleurs inspiré confiance à personne. Son pardessus était rapiécé par endroits et élimé aux manches. Il manquait un bouton à son vieux complet de tweed, sa chemise blanche était couverte de taches d’encre et de tabac, et sa cravate - c’était là le plus étrange - ne présentait pas un nœud, mais deux, comme s’il avait oublié qu’il l’avait déjà nouée et que, au lieu de vérifier, il avait tout simplement fait un autre nœud pour plus de sûreté. Ses cheveux blancs s’échappaient de sous son chapeau, et ses sourcils se dressaient sur son front telles deux cornes neigeuses qui retombaient sur des lunettes en écaille toutes tordues et recollées. L’un dans l’autre, il avait l’air de quelqu’un qui se serait habillé en plein milieu d’un ouragan et qui, se jugeant encore trop présentable, se serait ensuite jeté au bas d’un escalier.

Mais quand on regardait ses yeux, tout changeait.

Ne reflétant d’autre lumière que la leur, ils brillaient d’un éclat vif dans la nuit étouffée par la neige, et l’on y lisait une énergie si extraordinaire, une telle bonté et une telle sensibilité qu’on oubliait aussitôt les taches d’encre et de tabac sur sa chemise, les bouts d’adhésif sur ses lunettes et les deux nœuds à sa cravate. On les regardait, et on savait qu’on se trouvait en présence de la vraie sagesse.

- Mes amis, nous avons toujours su que ce jour viendrait.

- Mais qu’est-ce qui a changé ? demanda le père des enfants. Il n’y a rien eu depuis Cambridge Falls ! Et c’était il y a cinq ans ! Il a dû se passer quelque chose !

Le vieil homme poussa un soupir.

- Plus tôt, dans la soirée, je suis allé voir Devon MacClay.

- Il n’est pas... il ne peut pas...

- J’ai bien peur que si. Et comme il est impossible de savoir ce qu’il leur a dit avant de mourir, nous devons envisager le pire. Nous devons envisager qu’il a mentionné les enfants.

Personne ne parla pendant un long moment. La femme pleurait maintenant à chaudes larmes.

- J’ai dit à Kate qu’on se retrouverait un jour tous ensemble. Je lui ai menti.

- Chérie...

- Il ne s’arrêtera pas tant qu’il ne les aura pas trouvés ! Ils ne seront plus jamais en sécurité !

- Vous avez raison, dit le vieil homme d’une voix calme. Il ne s’arrêtera jamais.

Le “Il” dont ils parlaient paraissait très identifiable pour tout le monde.

- Mais il y a un moyen. Celui que nous connaissons depuis toujours. Les enfants doivent pouvoir grandir. Pour accomplir leur destin...

Il s’interrompit.

L’homme et la femme se retournèrent. Un peu plus loin, trois silhouettes sombres en long pardessus noir les observaient. La rue se figea soudain ; même les flocons de neige semblèrent s’immobiliser en l’air.

- Ils sont là, dit le vieil homme. Ils suivront les enfants. Disparaissez. Je vous retrouverai.

Avant que le couple puisse réagir, le vieil homme avait ouvert la portière et s’était glissé derrière le volant. Les trois silhouettes s’avancèrent. L’homme et la femme battirent en retraite vers la maison tandis que le moteur démarrait avec une toux caverneuse. Les roues patinèrent un instant dans la neige, puis les pneus trouvèrent une adhérence et la voiture partit dans une embardée. Les trois silhouettes s’étaient mises à courir. Elles passèrent devant l’homme et la femme sans même prendre la peine de tourner la tête, concentrées uniquement sur la voiture qui glissait et dérapait sur la chaussée enneigée.

L’homme aux cheveux blancs conduisait les deux mains serrées sur le volant. Il était heureusement très tard et, avec le réveillon et toute cette neige, il n’y avait pas de circulation pour les ralentir. Mais la voiture avait beau rouler vite, les trois silhouettes se rapprochaient. Elles couraient avec une grâce silencieuse et surnaturelle ; chaque enjambée couvrait une bonne dizaine de mètres, et les ailes noires de leur pardessus se gonflaient dans leur dos. À un virage, la voiture rebondit contre un fourgon en stationnement, et deux des silhouettes s’élancèrent dans les airs pour s’accrocher aux maisons de ville qui bordaient la rue. Le conducteur regarda dans son rétroviseur et vit ses poursuivants courir sur les façades telles des gargouilles en fuite.

Son regard ne trahit aucune surprise, mais il écrasa la pédale d’accélérateur.

L’auto déboucha à pleine vitesse sur la place d’une église et dépassa en vrombissant une foule de fidèles qui sortaient de la messe de minuit. Ils étaient arrivés dans la vieille ville, et tressautaient à présent dans des rues pavées. Sur la banquette arrière, les enfants dormaient toujours. L’une des silhouettes s’envola de la façade d’un vieil immeuble et atterrit avec fracas sur la voiture. Quelques secondes plus tard, une main blême traversa le toit et entreprit d’arracher des lambeaux de carrosserie. Un deuxième assaillant saisit l’arrière du véhicule et enfonça ses talons dans la chaussée, creusant aussitôt des sillons dans les dalles centenaires.

- Encore un peu, murmura l’homme. Un tout petit peu.

Ils s’engagèrent dans un parc blanc de neige et absolument désert, la voiture glissant sur le sol gelé. Il distingua juste devant lui la trouée sombre d’un cours d’eau. Puis tout parut se produire en même temps. Le vieil homme fit rugir le moteur, la troisième silhouette s’accrocha à la portière, le toit céda et l’air glacial s’engouffra dans le véhicule. La seule chose qui restait immuable était les enfants, qui dormaient toujours, totalement inconscients. Puis la voiture prit son envol contre une petite butée au-dessus de la rivière.

Elle ne toucha jamais l’eau. Au tout dernier instant, elle s’évanouit purement et simplement dans l’atmosphère, laissant derrière elle trois formes sombres qui s’enfoncèrent dans les flots glacés.

Une seconde plus tard et trois cents kilomètres plus au nord, la voiture, intacte, s’arrêta devant une grande bâtisse de pierre grise. On attendait visiblement son arrivée puisqu’une petite femme en robe de chambre descendit en courant les marches du perron pour accueillir le visiteur.

Le vieil homme et la femme prirent alors ensemble les enfants et les portèrent à l’intérieur de la bâtisse. Ils montèrent au dernier étage et parcoururent un long couloir décoré de guirlandes scintillantes et de couronnes de houx. Ils dépassèrent chambre après chambre d’enfants endormis puis franchirent la dernière porte du couloir. La pièce ne contenait rien d’autre que deux lits et un berceau.

La religieuse - la petite femme s’appelait en fait sœur Agathe - portait le garçon et le bébé. Elle coucha le cadet dans un lit et sa petite sœur dans le berceau. Ils ne remuèrent ni l’un ni l’autre. Le vieil homme déposa Kate dans l’autre lit puis remonta la courtepointe sous son menton.

- Pauvres chéris, dit sœur Agathe.

- Oui, et tant de choses reposent sur leurs épaules.

- Vous pensez qu’ils seront en sécurité ici ?

- Il n’y a pas mieux. Il va se mettre à leur recherche, c’est certain. Mais vous et moi sommes les seuls ici à savoir qui ils sont.

- Comment dois-je les appeler ? Il va leur falloir un nouveau nom de famille.

- Que diriez-vous de... (Le vieil homme réfléchit un instant.) P ?

- Juste P ?

- Juste P.

- Mais l’aînée ? Elle se souviendra de son vrai nom.

- Je ferai en sorte qu’elle l’oublie.

- J’ai du mal à croire que tout cela arrive vraiment. J’ai du mal à croire...

Elle se tourna vers son compagnon.

- Voulez-vous rester un peu ? J’ai allumé un feu en bas et il me reste de la bière des moines.

C’est Noël, tout de même.

- C’est très tentant. Mais malheureusement, je dois retourner voir leurs parents.

Ah, mon Dieu, fit la religieuse avec un soupir en sortant dans le couloir. Alors ça a vraiment commencé...

Le vieil homme la suivit à la porte, puis s’arrêta pour regarder les enfants endormis. Il leva la main comme pour les bénir, et murmura :

- À bientôt.

Puis il sortit.

Les trois enfants continuèrent de dormir, inconscients du nouveau monde qui les attendait à leur réveil.

26 février 2014

la critique de la semaine : journal d'un vampire

Si je vous parle de Vampire diaries, vous allez sûrement penser à la série télé qui passe le vendredi soir sur NT1 ; eh bien non, vampire diaries, c'est aussi un livre (journal d'un vampire en français).

C'est une saga en cinq tomes, qui raconte l'histoire d'Ellena, une lycéenne belle et populaire. Un jour, deux frères entrent dans sa vie : ce sont les mystérieux Stefan et Damon Salvatore, et ils sont tous les deux fous amoureux d'elle... Ellena va devoir faire un choix, ce qui va se compliquer quand elle découvrira que les deux frères sont en réalité des vampires ! 

Si comme moi, vous aimez les histoires de vampires, ce livre va vous passionner ! N'hésitez pas une seconde si vous avez aimé la série ; si ce n'est pas le cas, lisez-le quand même : vous allez voir, le livre est mieux et sera peut-être pour vous un moyen de renouer avec l'univers de Vampire diaries

22 février 2014

Excuses + nouveautés vacances

Bonjour à tous

Je voudrais m'excuser pour ma très longue absence sur le blog ; j'ai eu quelques problèmes mais je vais recommencer ! 

Avec les vacances de février, je voudrais prendre un nouveau départ et écrire tant que j'ai encore le temps. J'ai récamment changé mon organisation et mon blog doit s'adapter... Voici donc les nouveautés de cette fin février : 

- Une critique de livre tous les mercredis et jeudis (le jeudi vous aurez droit à un extrait du livre)

- La suppression du feuilleton

- Des posts spéciaux pour les périodes "spéciales" (noël, nouvelle année, grandes vacances...). 

Voilà, je vous souhaite à tous de bonnes lectures, et à mercredi ! 

 

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21 octobre 2013

L'homme aux cercles bleus épisode 4

Bonjour et bon lundi à tous ! 

Après ma longue absence (imprévue) je reviens avec le feuilleton, je vous présente aujourd'hui l'épisode 4 de l'homme aux cercles bleus, un peu plus long que les autres pour me faire pardonner mon mois d'absence. Et lisez les épisodes 1, 2 et 3 si ce n'est pas déjà fait...

Et aujourd'hui, son humeur était à tourner un café, avec lenteur. Un type s'était fait tuer dans son entrepôt à tissu, trois jours plus tôt. Ses affaires semblaient si crapuleuses que trois inspecteurs dépouillaient le fichier de ses clients, certains d'y trouver l'assassin parmi eux. 

Adamsberg ne s'inquiétait pas trop pour cette affaire depuis qu'il avait vu la famille du mort. Ses inspecteurs cherchaient un client escroqué, ils avaient même une piste sérieuse, et lui, il regardait le beau-fils du mort, Patrice Vernoux, un joli type de vingt-trois ans, délicat, romantique. C'est tout ce qu'il faisait, il le regardait. Il l'avait déjà convoqué trois fois au commissairiat sous des prétextes variés, en le faisant parler de n'importe quoi : qu'est-ce qu'i pensait de la calvitie de son beau-père, est-ce que ça le dégoûtait, est-ce qu'il aimait les usines de tissus, qu'est-ce que ça lui faisait quand il y avait une grève d'électricité, comment expliquait-il que la généalogie passionne autant de gens ? 

La dernière fois, hier, ça c'était passé comme ça : 

- Est-ce que vous vous trouvez beau ? avait demandé Adamsberg. 

- Ça m'est difficile de dire non. 

- Vous avez raison. 

- Est-ce que vous pourriez me dire pourquoi je suis ici ? 

- Oui. Pour votre beau père bien sûr. Ça vous agaçait quand même qu'il couche avec votre mère, vous m'avez dit ? 

Le garçon haussait les épaules. 

- Je ne pouvais rien y faire de toute façon, sauf le tuer et je ne l'ai pas fait. Mais c'est vrai, ça me levait un peu le coeur. Mon beau-père, c'était une sorte de sanglier. Avec des poils jusque dans les oreilles, franchement, ça me dépasse. Ça vous amuserait vous ? 

- Je n'en sais rien. Un jour, j'ai vu ma mère coucher avec un camarade de classe. Pourtant la pauvre chou, elle était plutôt fidèle. J'ai refermé la porte et je me souviens que la seule chose que j'ai pensée, c'est que le garçon avait un grain de beauté vert dans le dos, mais que peut-être maman ne l'avait pas vu. 

- Je ne vois pas bien ce que j'ai à faire là-dedans, avait grondé le garçon, gêné. Si vous êtes plus brave que moi, c'est votre affaire. 

- Non, mais ce n'est pas grave. Votre mère, est-ce que vous la trouvez triste ? 

- Évidemment. 

- Bon. C'est très bien. N'allez pas trop la voir. 

Et puis il avait dit au garçon de partir. 

 

Adamsberg entra au commissariat. Son préféré des inspecteurs, pour le moment, c'était Adrien Danglard, un homme pas bien beau, très bien habillé, le ventre et les fesses basses, qui buvait pas mal, et qui ne paraissait plus très fiable après quatre heures de l'après-midi, parfois avant. Mais il était réel, très réel, Adamsberg n'avait pas encore trouvé d'autre terme pour le définir. Danglard lui avait préparé sur la table un résumé sur le fichier des clients du marchand de tissus. 

- Danglard, je voudrais voir le beau-fils aujoud'hui, le jeune homme, Patrice Vernoux. 

- Encore, monsieur le commissaire ? Mais qu'est-ce que vous lui voulez à ce pauvre type ? 

- Pourquoi dites-vous "pauvre type" ? 

- Il est timide, il se recoiffe sans arrêt, il est conciliant, il fait des efforts pour vous faire plaisir, et quand il vous attend, assis dans le couloir, sans savoir ce que vous allez encore lui demander, il a l'air si déconcerté  qu'il fait un peu de peine. Alors je dis : "pauvre type". 

-Vous n'avez pas remarqué autre chose, Danglard ? 

Danglard secoua la tête. 

- Je ne vous ai pas raconté l'histoire du grand chien baveux ? demanda Adamsberg. 

- Non. Je dois dire que non. 

- Après, vous me jugerez le plus sale flic de la terre. Il faut vous asseoir un moment, je parle lentement, j'ai beaucoup de mal à me résumer, parfois même je m'égare. Je suis un homme vague, Danglard. Jétais parti tôt du village pour passer la journée dans la montagne, j'avais onze ans. Je n'aime pas les chiens, je ne les aimait pas non plus quand j'étais petit. Celui-là, un gros chien baveux me regardait au milieu du chantier. Il bava sur mes pieds, il bava sur mes mains, c'était un gros chien crétin et sympathique. Je lui ai dit : "Écoute, gros chien, je vais loin, j'essaie de me perdre et de me retrouver ensuite, tu peux venir avec moi, mais bon Dieu arrête de me baver dessus, ça me dégoûte". Le gros chien a pigé et il m'a suivi. 

Adamsberg s'interrompit, alluma une cigarette et prit un petit bout de papier dans sa poche. Il croisa une jambe, s'appuya dessus pour griffonner un dessin et continua, après un coup d'oeil à son collègue. 

- Ça m'est égal de vous ennuyer, Danglard, je veux vous raconter l'histoire du gros chien. Le gros chien et moi on avait discuté tout le long du chemin, des étoiles de la petite ourse et des os de veaux, et on s'est arrêtés à un bergerie abandonnée. Là, il y avait six mômes d'un autre village, je les connaissais bien.  On s'était souvent battus. Ils ont dit : "C'est ton clebs ?" "Pour aujourd'hui, ai-je répondu. Le plus petit a saisi le gros chien par ses longs poils, le gros chien qui était peureux et mou comme un tapis, et il l'a tiré jusqu'au bord de la falaise. "Je n'aime pas ton clebs, il a dit, il est con, ton clebs". Le gros chien gémissait sans réagir, c'est vrai qu'il était con. Le petit môme lui a foutu un coup de pied au cul, et le chien est tombé dans le vide. J'ai posé mon sac par terre, lentement. Je fais toujours tout lentement. Je suis un homme lent, Danglard. 

"Oui, eut envie de dire Danglard, je m'en suis aperçu". Un homme vague, un homme lent. Mais il ne pouvait pas le dire, Admsberg était son nouveau supérieur. Et puis il le respectait. Danglard avait eu vent comme tout le monde des principales enquêtes d'Adamsberg, et comme tout le monde il avait salué le génie du dénouement, chose qui lui paraissait aujourd'hui incompatible avec ce qu'il découvrait de l'homme depuis son arrivée. À présent qu'il le voyait, il était surpris, mais pas seulement par cette lenteur des gestes et de la parole. Il avait d'abord été déçu par ce corps petit, mince et solide, mais pas impressionnant, par la négligence générale du personnage, qui ne s'était même pas présenté à eux à l'heure convenue, et qui avait noué une cravate sur une chemise déformée, fourrée n'importe comment dans son pantalon. Et puis la séduction avait monté, comme un niveau d'eau. Ça avait commencé par la voix d'Adamsberg. Danglard aimait l'entendre, ça le calmait, ça l'endormait presque. "Ça fait comme une caresse" avait dit Florence, mais bon, Florence c'était une fille, elle était seule responsable des mots qu'elle choisissait. Castreau avait gueulé : "Ne dis pas qu'il est beau." Florence avait eu l'air perplexe. "Attends, il faut que je réflechisse", avait-elle répondu. Florence disait toujours ça. C'était une fille scrupuleuse, elle réfléchissait beaucoup avant de parler. Pas sûre d'elle, elle avait ânonné : "Non, mais ça a à voir avec la grâce, ou quelque chose comme ça. Je réfléchirai". Comme des collègues avaient ri, alors que Florence avait l'air si studieuse, Danglard avait dit : "Florence a raison, c'est évident". Margellon, un jeune agent, avait saisi l'occasion pour le traiter de pédé. Jamais Margellon n'avait dit quelque chose d'intelligent, jamais. Et Danglard avait besoin d'intelligence comme de boire. Il avait haussé les épaules, en pensant fugitivement qu'il regrettait d'ailleurs que Margellon n'ait pas raison, parce qu'il avait pas mal de déboires avec les femmes et qu'ils pensaient que les hommes seraient moins regardants; qu'il entendait dire que les hommes étaient des salauds, que dès qu'ils avaient couché avec une femme ils la jaugeaient, mais les femmes c'était pire, elles refusaient de coucher avec vous si ça ne leur convenait pas exactement. Comme ça, non seulement on est évalué et pesé, mais en plus on n'a couché avec personne. C'est triste. C'est dur, les filles. Et Danglard, il en connaissait des filles qui l'avaient mesuré et qui n'avaient pas voulu de lui. À en chialer des fois. 

19 octobre 2013

Après une longue absence...

Bonjour à tous, 

Je voudrais tout d'abord m'excuser de ma longue absence sur mon blog, c'était imprévu, mais avec la rentrée je n'ai pas eu une minute à moi...

Ne vous inquiétez pas, je suis de retour ! 

Les critiques de livres ne devraient pas tarder à reprendre, de plus j'ai acheté le tome 2 de Nox et comme promis je vous ferai partager mon avis !

De plus dès lundi ce sera le retour du feuilleton, je vous souhaite un bon week-end, et des bonnes vacances à ceux qui ont fini hier ! 

9 septembre 2013

L'homme aux cercles bleus épisode 3

Ça fait une semaine que je n'ai pas ouvert mon ordinateur pour aller sur mon blog, mais impossible de rater le feuilleton du lundi, même quand je commence à taper le dimanche soir à 20 heures, et que je suis crevée. 

Donc voici l'épisode 3 de l'homme aux cercles bleus... Si vous aimez (ou pas) s'il vous plaît pouvez-vous laisser un commentaire ? Ou même juste voter, ça ne coûte rien, et au moins comme ça je sais qu'on lit mes messages... 

Il y avait bien des arbres, c'était inévitable, mais on s'en foutait, il n'y avait qu'à ne pas les regarder.Et les squares, il suffisait de les éviter, et tout allait bien. Adamsberg n'aimait en matière de végétation que les buissons rachitiques et les légumes souterrains. Ce qu'il y avait de sûr aussi, c'est qu'il n'avait sans doute pas tellement changé, puisque le regard de ses nouveaux collègues lui avait rappelé ceux des Pyrénées il y a vingt ans, avec le même effarement discrèt, les mots murmurés derrière lui, les hochement de tête, les plis contrariés des bouches et des doigts qui s'écartent en signe d'impuissance. Toutes ces animations dans le silence qui veulent dire : mais qu'est-ce que c'est que ce type ? 

Doucement il avait sourri, doucement il avait serré les mains, expliqué et écouté, parce qu'Adamsberg faisait toujours tout doucement. Mais au bout de onze jours, ses collègues ne s'approchaient toujours pas de lui sans l'expression d'hommes se demandant à quelle nouvelle espèce du monde vivant ils ont affaire, et comment on la nourrit, et comment on lui parle, et comment on la distrait et comment on l'intéresse. Depuis onze jours, le commissairiat du 5° s'était englouti dans les chuchotis, comme si un mystère délicatn avait suspendu la vie ordinaire. 

La différence avec ses débuts dans les pyrénées, c'était que maintenant, sa réputation rendait les coses un peu plus faciles. Cela ne faisait quand même pas oublier qu'il vnait d'ailleurs. Il avait entendu hier le plus vieux Parisien de l'équipe dire à voix basse "Tu vois, il vient des Pyrénées, autant dire de l'autre bout du monde". Il aurait dû être au bureau depuis une demie heure, mais Adamsberg tournait toujours son café dans le bistrot d'en face. 

Ce n'était pas parce qu'aujourd'hui, à quarante-cinq ans, il y avait ce respect autour de lui qu'il se permettait d'arriver en retard. À vingt ans, il était déjà en retard. Même pour sa naissance, il avait été en retard de seize jours. Adamsberg n'avait pas de montre, mais il était incapable d'expliquer pourquoi, d'ailleurs il n'avait rien contre les montres. Ni contre les parapluies. Ni contre rien en fait. Ce n'est pas qu'il ne voulait faire que ce qu'il désirait, mais c'est qu'il ne savait pas s'efforcer à quelque chose si son humeur y était pour l'instant contraire. Jamais il n'avait su, même quant il souhaitait plaire à la belle inspectrice. Même pour elle. on avait dit que le cas d'Adamsberg était désespéré, et c'était parfois son opinon. Mais pas toujours. 

2 septembre 2013

L'homme aux cercles bleus, épisode 2 !

Voici donc le deuxième épisode du feuilleton l'homme aux cercles bleus

Vous pouvez lire l'épisode 1 ici

 

On l'avait nommé commissaire à Paris, dans le 5ème arrondissement. À pied, il avançait vers son nouveau bureau, pour la douxième journée. Heureusement, c'était Paris. C'était la seule ville du pays qu'il pouvait aimer. Il avait longtemps cru que l'endroit où il vivait lui était indifférent, indifférent comme la nourriture qu'il mangeait, indifférent comme les meubles qui l'entouraient, indifférent comme lui étaient les hablts qu'il portait, donnés, hérités, trouvés on ne sait où. 

Mais finalement, pour le lieu où vivre, ce n'était pas aussi simple. Jean-Baptiste Adamsberg avait parcouru pieds nus toute la montagne pierreuse des Basses-Pyrénées. Il y avait vécu et dormi, et, plus tard, une fois flic, il avait travaillé sur des meurtres, meurtres dans des villages de pierre, meurtres dans des sentiers minéraux. Il connaissait par coeur le bruit que font les cailloux sous les pieds, et la montagne qui vous serre contre elle et vous menace comme un vieil homme musclé. Dans le commissariat où il avait débuté à vingt-cinq ans, ils disaient qu'il était "sylvestre". Peut-être en référence à la sauvagerie, à la solitude, il ne savait pas au juste. Et il ne trouvait ça ni original, ni flatteur. 

Il avait demandé pourquoi à une des jeunes inspectrices, sa supérieure directe, qu'il aurait voulu embrasser, mais qui avait dix ans de plus que lui, et qu'il n'osait pas. Elle était embarassée, elle avait dit : "Débrouillez-vous, regardez-vous dans une glace, vous comprendrez tout seul." Le soir, il avait considéré, avec dépit parce qu'il aimait les géants blancs, sa silhouette petite, solide et brune, et le lendemain, il avait dit : "Je me suis mis devant une glace, j'ai regardé, mais je n'ai pas bien compris ce que vois m'avez dit. " "Adamsberg, avait dit l'inspectrice, un peu lasse, un peu dépassée, pourquoi dire des choses de ce genre ? Pourquoi poser des questions ? On travaille sur un vol de montres, et c'est tout ce qu'il y a à savoir, et je n'ai pas l'intention de parler de votre corps." Et elle avait ajouté : "Je ne suis pas payée pour parler de votre corps". "Bon, avait dit Jean-Baptiste, ne vous énervez pas comme ça".

Une heure après, il avait entendu la machine à écrire s'arrêter et l'inspectrice qui l'appelait.  Elle était contrariée. "Finissons-en, avait-elle dit, disons que c'est le corps d'un enfant sylvestre, c'est tout." Il avait répondu : "Est-ce que vous voulez dire qu'il est primitif, qu'il est moche ?" Elle avait eu l'air encore plus dépassée. "Ne me faites pas dire que vous êtes beau, Adamsberg, mais vous avez de la grâce pour mille, arrangez-vous avec ça dans la vie.", et il y avait eu de la fatigue et de la tendresse dans sa voix, il en était certain. Si bien qu'il s'en souvenait encore avec un frisson, surtout que ça ne s'était plus jamais reproduit avec elle. il avait attendu la suite, le coeur cognnant. Peut-être allait-elle l'embrasser, peut-être, mais elle cessa de le tutoyer et elle n'en dit jamais plus. Sauf ceci, comme avec désespérance : "Et vous n'avez rien à faire dans la police, Jean-Baptiste. La police n'est pas sylvestre." 

Elle s'était trompée. Il avait débrouillé coup sur coup au cours des cinq années suivantes quatre meurtres d'une manière que ses collègues avaient trouvée hallucinante, c'est-à-dire injuste, provocante. "T'en fous pas une rame, Adamsberg, ils lui disaient. Tu es là, tu traines, tu rêves, tu contemples les murs, tu griffones des croquis sur tes genoux, comme si t'avais la science infuse et la vie devant toi, et puis un jour tu rappliques, nonchalant, gentil, et puis tu dis : -Faudrait arrêter le curé, il a étranglé le petit pour pas qu'il raconte- ." L'enfant sylvestre aux quatres meurtres était ainsi devenu inspecteur, puis commissaire, toujours griffonnant à perte d'heures de très petits dessins sur ses genoux, sur des pantalons informes. Il y a quinze jours, on lui avait proposé Paris. Il avait laissé derrière lui son bureau couvert des graffitis qu'il avait crayonnés pendant vingt ans, sans jamais que la vie ne le lasse. 

Mais pourtant comme les gens pouvaient l'ennuyer parfois ! Comme si trop souvent il savait à l'avance ce qu'il allait entendre. Et chaque fois qu'il pensait "À présent, ce type va dire ça", il s'en voulait, il se trouvait odieux, plus encore quant le type le disait effectivement. Alors il souffrait en suppliant un dieu quelquonque de lui accorder un jour la surprise et non la connaissance.

Jean-Baptiste Adamsberg tournait son café dans un bistrot en face de son nouveau commissariat. Est-ce qu'il savait mieux maintenant pourquoi on l'avait trouvé sylvestre ? Oui, il y voyait un peu plus clair là-dedans, mais les gens employaient les mots à tort et à travers. Lui surtout. Ce qui était sûr, c'est que Paris savait lui restituer le monde minéral dont il avait besoin. Paris, la ville de pierre. 

 

31 août 2013

Nox

Nox, c'est un roman d'Yves Grevet, j'avais déjà parlé de cet auteur dans mon post sur Méto .  Nox (sorti il y a déjà un petit bout de temps) semble promis lui aussi à un avenir brillant ! 

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C'est l'histoire d'un monde divisé : les pauvres en bas, les riches en haut. Les pauvres vivent dans un brouillard constant (la Nox) et se résignent à leur existence... Obligés de marcher où de pédaler pour produire de la lumière, leurs prénoms ont tous une lettre en moins. C'est le cas de Lucen. Il vit dans la Nox et va bientôt se marier. Mais un jour, pour lui, rien ne sera plus vraiment pareil...

Un roman envoûtant, qui décrit un monde cruel où il n'y a de place que pour la survie. 

Je n'ai lu que le premier tome, Ici-bas, mais le deuxième est sorti, il s'appelle Ailleurs. Dès que je l'aurai lu je posterai la critique ! 

 

 

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